Documentation - Données par défaut

Méthodologie de production des données par défaut

Contexte

A l'échelle d'une entreprise, la mesure d'un indicateur de l'Empreinte Sociétale de l'Entreprise s'appuie sur la décomposition de la valeur produite en valeur ajoutée nette, consommations intermédiaires et consommations de capital fixe. Les impacts associés à la valeur ajoutée nette sont obtenus à partir des données d'activité de l'entreprise, et ceux associés aux consommations sont déduits des empreintes sociétales des fournisseurs d'achats et d'immobilisations.

Dans les faits, ces informations – empreintes sociétales des fournisseurs – sont encore largement manquantes. Pour pallier cette absence, des valeurs par défaut sont proposées pour chaque unité légale à partir de ses caractéristiques et des informations statistiques disponibles.

La présente documentation vise à expliquer pas à pas les hypothèses faites et la démarche méthodologique employée pour obtenir ces valeurs par défaut à l'échelle des entreprises françaises.


Hypothèses de départ

Les valeurs par défaut proposées correspondent aux moyennes observées au sein de groupes d'agents économiques les plus précis possibles, obtenues après traitement de données macroéconomiques publiques.

L'hypothèse principale de cette simulation de données macro-fondée est celle d'agents représentatifs par groupe identifié. Ce postulat heuristique suppose que l'ensemble des agents d'un groupe sont identiques et possèdent les mêmes caractéristiques. Hypothèse classique de modélisation, cette méthode introduit un bruit statistique composé d'une variance élevée mais d'un biais théoriquement nul.

Le groupe retenu pour une unité légale dépend à la fois des informations à notre disposition (code d'activité principale, localisation des établissements, etc.) mais également des niveaux de décomposition des données macro-économiques disponibles dans les statistiques publiques.

Dans les cas les plus simples, les paramètres portent sur 2 niveaux :

  • La localisation de l'agent économique : France, espaces économiques dont fait partie la France, autres espaces économiques, etc.
  • La division économique de l'agent économique, selon la Nomenclature des activités économiques dans la Communauté Européenne "NACE" (x88).

Sources de données

Pour construire les valeurs par défaut, nous exploitons 4 jeux de données issus du Tableau des entrées-sorties de l'INSEE, élaboré annuellement dans le cadre des comptes de la Nation :

  • Tableau des ressources en produits (TRP) : il « décrit les ressources en produits, en fonction de leur origine, production intérieure ou importations » (INSEE) par branche considérée ;
  • Tableau des entrées intermédiaires (TEI) : il « détaille, par produit, les consommations intermédiaires des différentes branches » (INSEE) ;
  • Compte de production par branche (CPB) : il « présente les éléments du compte d'exploitation par branche » (INSEE) ;
  • Tableau des ressources domestiques symétrique (TRDS) : il renseigne sur la provenance sectorielle des ressources en produits domestiques. Contrairement aux trois précédents, ce jeu de données provient du Tableau des entrées-sorties symétrique de l'INSEE

Les jeux de données correspondants aux donnéesd'impacts dépendent de l'indicateur étudié. Ils sont principalement issus des tableaux de données d'EUROSTAT.


Notations

On noteEXil'empreinte de l'agrégat X relatif à la branche ou produit i.

Exemple :EP1AZreprésente l'empreinte de la production de la brancheAgriculture, Sylviculture et Pêche (AZ).

La codification des agrégats est la suivante :

  • B1g : Valeur ajoutée
  • P2 : Consommations intermédiaires
  • P1 : Production (branche)
  • RESS : Ressources intérieures en produits
  • TRESS : Total des ressources en produits
  • TR : Transfert de production
  • P7 : Importations

Formules de calcul

Empreinte de la production d'une branche

On définit    EP1i   l'empreinte de la production d'une branche i,  EB1gi     celle de la valeur ajoutée brute de cette même branche et    EP2i   celle des consommations intermédiaires. Ainsi,

\(E^{P1}_{i} = \frac{ {E}^{B1g}_{i} \times {B1g}_{i} + {E}^{P2}_{i} \times {P2}_{i} }{ {P1}_{i} } \)

Empreinte de la valeur ajoutée d'une branche

Le compte de production par branche (CPB) nous renseigne sur le montant de la valeur ajoutée brute des branches. A partir des données des émissions directes au format NACE (EUROSTAT), nous affectons à chaque branche l'intensité d'émission suivante :

\(E^{B1g}_{i} = \frac{ {X}_{i} }{ {B1g}_{i} } \)

Avec   Xi    les émissions directes de GES associées à la branche i.

Empreinte des consommations intermédiaires d'une branche

Le TEI nous permet d'estimer la répartition des consommations intermédiaires d'une branche par produit (x38). On définit kij   la part des consommations intermédiaires de la branchei fléchée vers les produits j. Ainsi,

\(k_{ij} = \frac{ {P2}_{ij} }{ {P2}_{i} } \)

Avec  P2ij  le volume des consommations intermédiaires de la branchei fléché vers les produits j, et  P2i   le volume total des consommations intermédiaires de la branche i.

Exemple :kAZ,CA = 0.153

Clef de lecture : En 2019, en France et selon l'INSEE, les consommations intermédiaires de la branche Agriculture, Sylviculture et Pêche (AZ), dont le volume total est de 53.8 milliards d'euros, proviennent à 15.3 % (8.2 milliards d'euros) des produits de la branche Fabrication de denrées alimentaires (CA).

Ainsi, avecGHGTRESSj    l'intensité d'émission de GES des ressources en produits j :

\({E}^{P2}_{ij} = \sum_{j}{ \frac{ {P2}_{ij} \times {E}^{TRESS}_{j} }{ {P2}_{i} } } = \sum_{j}{ {k}_{ij} \times {E}^{TRESS}_{j} } \)

On fait ici l'hypothèse que l'empreinte des ressources en produits j ne dépend pas de leurs emplois i.e. que l'empreinte est identique quelle que soit son utilisation (consommations intermédiaires des différentes branches, consommation finale, etc.).

Empreinte des ressources en produits

Les ressources en produits étant la somme des ressources intérieures en produits et des importations de ces produits, il vient :

\(E^{TRESS}_{j} = \frac{ {E}^{RESS}_{j} \times {RESS}_{j} + {E}^{P7}_{j} \times {P7}_{j} }{ {TRESS}_{j} } \)

Empreinte des ressources intérieures en produits

Les ressources intérieures d'un produit ne correspondent pas directement à la production de la branche à laquelle il est rattaché.

Des transferts sont effectués (transferts agricoles, transferts des ventes résiduelles) entre les différentes branches. Ils représentent la contribution productive de certaines branches à des produits qui ne leur sont pas directement associés.

Les comptes de la Nation retracent ces contributions dans le Tableau des Ressources Domestiques Symétrique (TRDS), et permettent d'en déduire la part contributive de chaque secteur dans la production domestique de chaque ressource.

On définit ainsi cij la part des ressources du produit j issues de la production de la branche i.

Ainsi,

\({E}^{RESS}_{j} = \sum_{i}{ {c}_{ij} \times {E}^{P1}_{i} } \)

A titre d'exemple, en France, en 2018 et selon l'Insee, 99.96% des produits des industries extractives proviennent de la branche BZ (industries extractives) associée et 0.04% de la branche OZ (administration publique).

Cette répartition nous permet de basculer des indicateurs par branche aux indicateurs par produit.

Empreinte des ressources importées en produits

Les empreintes affectées aux ressources importées en produits reposent sur l'extension des empreintes des ressources domestiques.

On applique à ces dernières un coefficient 𝜆 correspondant à l'écart de performance (empreinte) entre la production mondiale et la production intérieure française.

On obtient ainsi,

\({E}^{P7}_{j} = \frac{ {E}^{B1g}_{WLD} }{ {E}^{B1g}_{FRA} } \times {E}^{RESS}_{j} = {\lambda} \times {E}^{RESS}_{j} \)

A titre d'exemple, en 2018, après calcul basé sur les données de la Banque Mondiale - Climate Watch, l'intensité d'émission de GES de la production de valeur à l'échelle mondiale était 3.43 fois plus élevée que l'intensité de la production de valeur en France. L'intensité d'émission de GES associée aux ressources importées d'un produit jest égale à 3.43 fois l'intensité des ressources domestiques du produit j.

Système final d'équations

In fine, le système d'équations est le suivant :

\(E^{P1}_{i} = \frac{ {E}^{B1g}_{i} \times {B1g}_{i} + {E}^{P2}_{i} \times {P2}_{i} }{ {P1}_{i} } \)
\({E}^{P2}_{ij} = \sum_{j}{ {k}_{ij} \times {E}^{TRESS}_{j} } \)
\(E^{TRESS}_{j} = \frac{ {E}^{RESS}_{j} \times {RESS}_{j} + {E}^{P7}_{j} \times {P7}_{j} }{ {TRESS}_{j} } \)
\({E}^{RESS}_{j} = \sum_{i}{ {c}_{ij} \times {E}^{P1}_{i} } \)
\({E}^{P7}_{j} = {\lambda} \times {E}^{RESS}_{j} \)

Chaque itération permet d'affiner les valeurs obtenues en convergeant vers l'équilibre du système.

Par conséquent, l'empreinte de la production d'une branche i dépend de celles des ressources intérieures en produits et donc de celles des autres branches.

L'obtention des valeurs se fait donc par un processus d'itérations, en ajustant à chaque étape les valeurs obtenues jusqu'à convergence : variation maximum des valeurs inférieure à 1%.


Processus d'itérations

Les valeurs E P1i   sont initialisées en prenant pour empreinte des consommations intermédiaires, l'empreinte de la production intérieure.

Le processus itératif permet d'actualiser les valeurs en prenant en compte les dernières obtenues.